Chapitre 3
CH. 3 Petit viatique pour allaiter tranquille
- Découvertes…
- Ocytocine, hormone émotionnelle.
- Le lait des premiers jours.
- La qualité du lait maternel : fantasmes et réalités.
- Nutrition, culture et culpabilité.
- Resto du cœur.
- Pépins de parcours
- Trois, quatre mois, l'allaitement en vitesse de croisière.
- Six, sept mois, …l'allaitement se poursuit.
- Allaiter en public.
- Allaiter au delà d'un an.
Extrait de l'article "Découvertes…", chapitre 3.
Il-elle est né(e) et vous voici à pied d’œuvre...
Peut-être la première tétée vous a-t-elle surprise ? Votre bébé tète si fort... C’est toute sa volonté de vivre qui s’exprime par cette succion puissante. Quelle vitalité, n’est-ce pas ? Pour vous, cela fait une foule de sensations intenses à apprivoiser ou à retrouver. L’allaitement, c’est comme une rencontre amoureuse : cela demande du temps, de la patience et de l’intimité, ...et par-dessus tout, la confiance. Confiance en ce tout petit si doué pour la vie. Confiance dans votre corps de mère, capable d’offrir à son bébé la chaleur, l’affection et le lait dont il a besoin.
Vos seins sont des glandes sensibles, vivantes, qui vont “répondre” à la demande de votre bébé ; la production du lait est l’aboutissement des interactions entre votre bébé et vous.
Observons une tétée, étape par étape...
Votre bébé s’éveille et se manifeste pour attirer votre attention : il tend ses bras vers vous et fait des mouvements doux dans votre direction, vous fixe du regard. Si cela ne suffit pas, il s'agite de plus en plus, pleure. Remarquez que certains tempéraments plus vigoureux pleurent immédiatement, sans préavis. Chaque bébé est unique.
Vous l’approchez de vous ; son petit corps est tendu vers vous, tous ses sens sont à l’affût ; il vous cherche, vous respire, vous reconnaît. Vous aussi, vous sentez sa manière de s’abandonner ou de se tendre, vous retrouvez ses petits mouvements, ses parfums bien à lui; vous le rassurez de votre voix. Cette reconnaissance mutuelle fait déjà partie de la tétée. Bien vécu, ce temps de préliminaires vous préparent l’un et l’autre à “fonctionner ensemble”.
Ensuite, vous lui présentez votre sein. Il le sent, en repère l’odeur et la chaleur particulière, avec son nez, avec ses lèvres; laisser-lui prendre ce temps, ne forcez rien, ne précipitez rien. À un moment donné, il va ouvrir bien grand la bouche et “happer” le mamelon, ainsi qu’une bonne partie de l’aréole. Il est important qu’il en ait “plein la bouche”, car sa langue doit réaliser un mouvement de va-et-vient vigoureux sous l’aréole. Et ça, c’est le signal qui va tout déclencher. Ce signal est reçu et géré par votre cerveau profond, le cerveau des émotions; c’est pourquoi, un environnement positif et serein, la détente et la confiance sont si importants.
Dès qu’il commence à téter, votre bébé reçoit le lait qui se trouve dans les canaux galactophores terminaux. Il sait ainsi qu’il est à la bonne place et continue à téter.
Entre ce moment et celui où le lait arrive en abondance, il se passe souvent un délai qui varie de quelques secondes (chez les mamans expérimentées) à quelques minutes (en début de lactation). Soyez donc patiente : votre corps a besoin de s’habituer à cette nouvelle fonction ; le lait finira par arriver.
L'éjection du lait est un réflexe involontaire favorisé par la détente et la confiance.
En tout début de lactation, vos seins produisent des petites quantités de colostrum, un lait dont la composition est adaptée aux besoins spécifiques d’un tout nouveau-né. L’hormone responsable de l’éjection du lait (l’ocytocine) est la même que celle qui fait se contracter l’utérus (il retrouve ainsi “sa taille de jeune fille”). Une des premières sensations qui informent les mamans qu'une réaction se produit, ce sont les contractions utérines .
Par la suite, la sécrétion de lait augmente. Dès lors, un nouveau signal vous confirmera la réaction des seins : écoutez bien votre bébé ; tout à coup, vous l’entendez déglutir plus rapidement, et s'arrêter de temps en temps pour respirer très vite. Votre bébé tète et avale, tout absorbé par sa tâche. Parfois, il ne parvient pas à suivre et lâche tout : vous voyez alors le lait jaillir de votre sein. Cette réaction, ce réflexe d’éjection du lait est puissant. Certaines femmes le sentent très bien : chaleur, fourmillement, picotement dans le sein ; tension, allongement du mamelon... C’est variable de l’une à l’autre, d’une tétée à l’autre. L’allaitement est une belle occasion pour porter plus d’attention à votre corps. Ainsi, vous trouverez vos propres repères, bien plus fiables que toutes les consignes extérieures.