Chapitre 4

CH. 4 Le temps du cocon

  • Lune de miel et de lait …et bousculades 
  • Corps ouvert, corps fermé : les temps du corps féminin.
  • La paternité au temps du cocon. 
  • Frères et sœurs; adoptions et jalousies… 
  • La propreté ou la chasse aux microbes ? 
  • Pleurs du soir et alimentation. 
  • Les bébés qui pleurent vraiment beaucoup. 

Extrait de l'article "Lune de miel et de lait …et bousculades", chapitre 4.

"C'est fou comme un si petit bébé prend de la place, dans la maison, dans notre temps, dans notre esprit. J'ai l'impression que le monde tourne autour de lui. La moindre chose que je fasse, je dois tenir compte de sa présence. Par moments, je trouve cela merveilleux, à d'autres, cela m'affole. Serai-je un jour à nouveau autre chose qu'une maman à plein temps ? Une femme avec une vie de couple, une vie professionnelle ? Je le suppose, puisque d'autres l'ont vécu avant moi, mais rien ne sera plus comme avant."

Quarante jours, six semaines… Ce temps de maternage intensif se retrouve dans bien des traditions. L'entourage s'organisait pour qu'il soit possible, le protégeait par des us et coutumes dont certaines nous paraîtraient bien surprenantes.

L'isolement de la mère et de l'enfant prit, au cours du temps, des sens bien différents. Au départ mesure de protection de l'accouchée et du nouveau-né, il devint avec le puritanisme, une exclusion quasi honteuse. La femme "en couche" était considérée comme impure et il convenait d'en protéger le groupe. Le bébé devait être baptisé le plus vite possible pour le laver de ses souillures. Sa mère devait attendre jusqu'au relevailles, rituel de purification pratiqué jusqu'à la moitié du siècle passé, pour participer à nouveau à la vie sociale.

Nous avons jeté tout ce fatras d'interdits aux orties, et tant mieux ! Ils n'ont plus aucun sens dans nos conceptions de la vie, du couple et de la famille.

Mais en même temps, nous avons quelque peu oublié le fondement premier de ces coutumes : le nécessaire temps du cocon.

Dans notre société, tout doit aller vite et bien, "satisfait ou remboursé", planifiable et planifié. Au regard de ce système, l'anarchie des premières semaines, leur apparente improductivité, leur gratuité, le flou artistique dans lequel on improvise la vie avec son bébé … paraissent des aberrations.

Il est de bon ton de répéter aux femmes que la grossesse, l'accouchement et le post-partum ne sont pas des maladies. Donc, pas de protectionnisme infantilisant. Fort bien. Mais de là à nier les bouleversements physiques et psychiques déclenchés par une naissance, de là à occulter l'énorme énergie nécessaire à l'adaptation parentale, il n'y avait qu'un pas. Vite franchi. Dire que l'on est épuisée semble étonner certains interlocuteurs qui estiment avec candeur que vous êtes en "congé" de maternité.

Paradoxe significatif : la maladie est un des rares temps où l'homo economicus reçoit une autorisation de s'arrêter prise en charge par la société.

Comment se distancier de la course ambiante, se donner le temps de materner et paterner ?