Chapitre 1

CH. 1 Le temps de l'attente.

  • Transformations et maturation
  • Formes et fonctions du corps féminin 
  • Seins de femme, seins de mère.
  • Les belles rondeurs. 
  • Les préparatifs dans la maison 
  • Les préparatifs à l'accouchement. 
  • Technologies et naissances : faux débats, vrais problèmes. 
  • L'instinct, un potentiel millénaire si facile à fragiliser. 
  • Nourrir… décisions et liberté 
  • Désir d'allaiter, volonté d'allaiter. 
  • Allaitement: fantasmes, mythes et poésie. 
  • La satiété alimentaire et les plaisirs du tout petit.

Extrait du texte "Technologie et naissance, faux débats, vrais problèmes", chapitre 1. 

Les sciences "dures" ont avancé beaucoup plus vite que la réflexion philosophique qui aurait dû les encadrer. Tout savoir qui aboutit à des applications pratiques doit s'interroger sur la finalité de ces applications. Autrement, l'être humain se contente d'exécuter automatiquement tout ce qui lui devient techniquement possible. Et ses mobiles ne sont pas toujours des plus reluisants: profit économique immédiat, confort égoïste, orgueil, volonté de toute puissance… Nous commençons à entrevoir les conséquences de cette dramatique immaturité collective.  

L'obstétrique, science de l'accouchement, doit elle aussi s'interroger. Il est techniquement possible de programmer tous les accouchements, au besoin avant terme, avant le départ en vacances du Docteur X, ou avant telle date, ou bien "pour que le petit soit gémeaux et pas cancer, dites oui, Docteur." Est-ce forcément bon et bien ? Et bon pour qui ? En fonction de quelle valeur ? Et pour quel type de motif ? Le culte de la personnalité d'un médecin à qui l'on s'accroche comme à une bouée de sauvetage ? Les caprices de parents fêlés de l'horoscope ? Le ras-le-bol passager d'une femme en fin de grossesse ? Qu'est ce qu'un bébé garde comme "empreinte" de cette naissance forcée ? Qu'est ce qu'une femme vit dans son corps quand elle se fait "extraire" son bébé au lieu de lui donner la vie ? Autre exemple : il est techniquement possible d'accélérer le travail en perçant la poche des eaux et mettant de l'ocytocine dans la perfusion. Les contractions deviennent alors plus rapprochées, plus fortes et, bien entendu, beaucoup plus douloureuses. Dans certaines maternités, ces manœuvres deviennent banales, voire automatiques. Raffinement dans l'hypocrisie : on affirme aux futures mères qu'elles sont entièrement libres de choisir ou non la péridurale,... alors qu'il est impossible de s'en passer dans de pareilles conditions. Résultat : la majorité des femmes de nos pays sont désormais persuadées que l'accouchement est vraiment un phénomène terrible, qui les dépasse totalement et qu'elles ne peuvent nullement gérer par leurs propres ressources. Quelles sont les conséquences de cette confiscation de la naissance ? Comment de jeunes adultes qui ont capitulé de toute autonomie, de toute initiative vont-ils inaugurer puis assumer leur vie de parents ? Quelles sont les conséquences à long terme de ce qui se vit en salle d'accouchement ?